LA RÉÉDUCATION VESTIBULAIRE

Vestibulaire - Vertiges

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Qu'est ce qu'un vertige ?

Les vertiges donnent l'illusion que l'environnement (murs, sols, plafonds, objets) se met à bouger. Ils peuvent également être ressentis comme un déplacement de soi-même dans l'espace. Le mouvement ressenti est le plus souvent circulaire (comme si la personne était sur un manège), mais aussi vertical (comme si la personne était dans un ascenseur), mais peut aussi s'apparenter à un balancement ou à une sensation de chute dans un trou. Ces manifestations sont liées à un trouble de l'équilibre.

Les sensations vertigineuses sont proches du vertige et peuvent également être liées à un trouble de l'équilibre comme les vertiges caractérisés. Elles ne causent pas d'impression de mouvement de l'environnement, mais plutôt une sensation de déséquilibre, d'instabilité (tangage comme dans un bateau), d'ébriété ou de chute imminente. Elles apparaissent lorsque la personne se tient debout ou pendant la marche.Elles nécessitent également un bilan médical.

La durée et la fréquence des vertiges sont très variables :

  • une crise vertigineuse peut durer de quelques secondes à plusieurs heures ;
  • elle peut être unique ou se répéter à intervalles irréguliers.

Les vertiges peuvent être accompagnés de divers symptômes : nausées ou vomissements, sueurs, perte d'audition, acouphènes, maux de tête. Mais la personne reste consciente pendant la crise vertigineuse.

Ils peuvent être déclenchés par certains mouvements : se lever, se coucher, tourner la tête rapidement, etc.

Quels sont les mécanismes des vertiges ?

Les vertiges sont dus à un trouble de l'équilibre. Cette fonction est normalement assurée par le système vestibulaire, partie de l'oreille interne composée de plusieurs organes sensoriels :

  • Les canaux semi-circulaires : au nombre de trois, ils se croisent chacun à angle droit : l'un est parallèle au sol, le deuxième est parallèle au côté de la tête et le troisième est parallèle au front ou au visage. Ces canaux sont responsables de la perception des mouvements de la tête dans trois dimensions. Les canaux semi-circulaires occupent la plus grande partie de l' oreille interne. Chaque canal contient un liquide et des cils sensitifs reliés à des cellules réceptrices qui transmettent les informations au cervelet. Lors de l'inclinaison de la tête, le liquide exerce une pression sur les cils sensitifs des cellules réceptrices. Les cellules réceptrices transforment cette pression en signaux électriques qui sont envoyés au cerveau grâce à des impulsions nerveuses. D'autres cellules réceptrices sont situées dans les canaux semi-circulaires et à leur proximité. Les influx nerveux sont essentiels dans le contrôle de l'équilibre.
  • Le nerf vestibulaire : il transmet l'information de mouvement depuis les canaux semi-circulaires et macules jusque dans les centres nerveux cérébraux correspondants. Le cerveau commande alors au corps les actions nécessaires pour maintenir l'équilibre (ex. : mouvements musculaires réflexes). Le nerf vestibulaire forme avec le nerf cochléaire les deux parties du nerf cochléo-vestibulaire ou nerf VIII)
  • La vision et la perception de la position des différentes parties du corps (proprioception) jouent également un rôle dans la fonction d'équilibre.

Chaque oreille est composée de 3 parties :

o L'oreille externe (du pavillon au tympan),

o l'oreille moyenne (qui comprend les trois os marteau, enclume étrier et en partie la trompe d'eustache),

o Et l'oreille Interne :

  • Cette oreille interne est partagée en 2 parties : la cochlée et le vestibule. La cochlée est l'organe de l'audition et le vestibule est un des capteurs de l'équilibre (avec la proprioception et la vue principalement).
  • Chaque vestibule est composé de 2 macules (une verticale, l'autre horizontale qui code pour les accélérations en ligne droite (linéaire) et 3 canaux semi-circulaires à peu près dans les 3 plans de l'espace qui codent pour les mouvements en rotation.
  • Les rôles principaux des vestibules sont :
  • Stabiliser le regard (réflexe vestibulo-oculaire).
  • Stabiliser la posture (réflexe vestibulo-spinale).


Quelles sont les principales causes des vertiges ?


- Les vertiges positionnels paroxystiques bénins (VPPB)

Ils sont liés à un dépôt d'otolithes (petits cristaux) dans l'un des canaux semi-circulaires, phénomène qui empêche la bonne perception du mouvement. Les vertiges positionnels paroxystiques bénins sont souvent violents, brefs (moins de trente secondes), et donnent l'impression d'un mouvement de rotation. Ces vertiges sont déclenchés par les changements de position, le coucher, le lever ou le fait de tourner la tête rapidement.

- La névrite vestibulaire (Ou syndrome vestibulaire unilatéral aigu)

Elle provoque une seule grande crise de vertige obligeant souvent la personne à se coucher. Cette crise vertigineuse dure plusieurs jours et régresse progressivement. La personne ne présente la plupart du temps ni surdité, ni acouphènes, ni troubles neurologiques ; en revanche, des nausées et vomissements sont souvent présents.

- La maladie de Ménière

Elle est due à une augmentation de la pression dans le labyrinthe, d'origine inconnue. Elle est à l'origine de crises de vertiges intenses et rotatoires, qui durent d'une vingtaine de minutes à quelques heures. Ces crises vertigineuses s'accompagnent de nausées et de vomissements importants, d'acouphènes et d'une perte d'acuité auditive. La maladie évolue vers des lésions chroniques du labyrinthe responsable de vertiges chroniques et d'une surdité progressive.

Qui sont les patients candidats à la rééducation vestibulaire ?


Lorsque le médecin a exclu des causes de vertiges plus rares telles que l'intoxication au plomb, au mercure, au monoxyde de carbone, la tumeur cérébrale, l'AVC ou la sclérose en plaques, il orientera son patient vers un kinésithérapeute pour effectuer une rééducation vestibulaire. Celle-ci concerne :

  • Les patients qui ont des vertiges, c'est-à-dire une sensation de mouvement soit de leur scène visuelle soit de leurs corps. Le vertige peut durer moins d'une seconde à plusieurs jours, sinon plusieurs mois dans le cadre du PPPD (Persistant Postural-Perceptual Dizziness ).
  • Les patients qui ont des instabilités, des pertes d'équilibres, des sensations de flottements, de coton, des sensations ébrieuses.
  • Les patients qui ont des cinétoses (mal des transports) ou naupathies (mal de mer).

À cela s'ajoutent souvent des nausées, des vomissements, des pâleurs, des sueurs froides...

Les conséquences de ces vertiges sur la vie quotidienne sont importantes.

  • Lorsqu'il y a une dépendance visuelle et/ou un PPPD, les patients ne supportent plus le mouvement des autres, de la foule, de la TV, du cinéma, de la voiture, dans les magasins...
  • Que le vertige ait duré quelques minutes, qu'il survienne par crises ou qu'il s'installe plusieurs jours ou davantage, les personnes éprouvent parfois une véritable phobie sociale avec la peur de sortir.
  • Elles éprouvent aussi souvent une grande anxiété liée tant à la peur que les vertiges se reproduisent qu'à celle de souffrir de séquelles ou d'avoir une pathologie sévère.
  • Elles peuvent aussi avoir peur de bouger (kinésiophobie), peur de sortir du lit, peur de bouger la tête (ce qui crée des cervicalgies).

Que fait/que peut faire le kinésithérapeute en rééducation vestibulaire ?

À noter :

Il existe de nombreux drapeaux rouges (risques centraux entre autres) dans la rééducation vestibulaire, une formation adaptée et du matériel spécifique (comme des lunettes de vidéonystagmoscopie) sont indispensables (La HAS a d'ailleurs émis des recommandations pour le vertige positionnel bénin en 2017 limitant la réalisation des manœuvres thérapeutiques aux seuls kinésithérapeutes correctement formés).

Nous sommes formés auprès de différents organisme et CHU et nous réalisons des bilans complet avec Vidéonystagmoscopie (VNS) Vidéonystagmograpie (VNG) et VHIT nécessaire.


Selon les pathologies mais aussi selon l'état de son patient, le kinésithérapeute propose une rééducation adaptée qui découlera de son bilan diagnostic. Ce bilan est un temps essentiel qui fait partie intégrante de la prise en charge :

Pour les vertiges positionnels paroxystiques bénins (VPPB)

Le VPPB est la présence d'otolithes (des petits cristaux normalement situés dans la macule utriculaire) dans un des canaux semi-circulaires. Quand le patient se met dans une position donnée (souvent allongée ou en levant la tête), ces petits cristaux glissent dans le canal semi circulaire et donnent une illusion de mouvement (parfois très rapide) durant quelques secondes.

Le rôle du kinésithérapeute vestibulaire est alors d'évacuer ces petits cristaux de ces canaux semi-circulaires par la réalisation d'une manœuvre dite thérapeutique ou libératrice.

Ce geste rapide s'accompagne toujours d'un moment d'échange pour expliquer au patient ce qui s'est passé et le rassurer.

La SFKV précise* : « Il est possible qu'après la séance, le patient se sente instable pendant quelques heures voire quelques jours. On lui demandera peut-être de faire attention à la position dans laquelle il va dormir pendant un à deux jours et d'éviter certaines activités. Dans les minutes qui suivent la manœuvre, il peut ressentir un gros déséquilibre : c'est pourquoi on le garde un moment dans la salle d'attente. Chez environ 70 à 80% de patients, il est peu probable d'avoir à nouveau un VPPB. En cas de récidive, elle peut survenir de façon décalée, de quelques mois à quelques années, alors il est conseillé de vivre normalement ! En particulier, de bouger la tête normalement pour éviter toutes tensions cervicales. En cas de nouveau vertige, il ne faut pas essayer de « de remettre les cristaux par soi-même », il faut appeler le kinésithérapeute vestibulaire pour prendre rendez-vous. »

Pour le syndrome vestibulaire unilatéral aigu

Dans ce cas, c'est tout ou une partie d'un vestibule qui n'envoie plus ou pas assez d'informations. Cela provoque des vertiges au départ violents (3 jours environ), la seule position qui soulage est allongée.

Le kinésithérapeute veillera à 3 buts :

  • Stabiliser le regard en travaillant la coordination oeil-tête-tronc en variant la vitesse du mouvement.
  • Retrouver une symétrie droite/gauche des oreilles internes.
  • Augmenter votre équilibre dynamique et renforcer votre musculature par des exercices dits de proprioception, les yeux ouverts et fermés.

Il veillera également à lutter contre des attitudes classiquement retrouvées chez de nombreux patients : posture figée, anxiété, peur du mouvement et/ou tensions musculaires cervicales. La fréquence habituelle est d'1 à 2 séances par semaine pendant 6 à 8 semaines. Chacun réagissant différemment ces périodes peuvent varier.

« Le kinésithérapeute apprend au patient des exercices à réaliser seul au domicile au moins 5 fois/jours pendant toute la durée de sa rééducation. Il lui recommandera également de bouger autant que possible. Dans certains cas, les symptômes peuvent perdurer ou réapparaître.

Dans tous les cas, la rééducation peut être considérée comme terminée quand tous les signes cliniques ont disparu et que le patient a retrouvé une activité quotidienne normale.

Les traitements anti-vertigineux (Tanganil ®) doivent être arrêtés dès que la crise est passée, c'est-à-dire au bout de quelques jours car ils freineront la récupération.

Dans le cadre du parcours de soin, le kinésithérapeute assure un lien de continuité avec votre médecin prescripteur (généraliste ou spécialiste) et lui communique les informations importantes. » *

Pour la maladie de Menière

La prise en charge de la maladie de Ménière est avant tout médicale, comme le signale la SFKV:

  • « Médicaments par voie orale, qui permettent d'améliorer le fonctionnement ou de faire diminuer la quantité de liquide de l'oreille.
  • Des médicaments par injection à travers le tympan, pour éviter les crises mais avec un risque de perte auditive.
  • Rarement, de la chirurgie pour les formes les plus invalidantes.

En sortie de crise ou entre les crises, la kinésithérapie va permettre de retrouver un fonctionnement vestibulaire optimisé et une bonne stabilité. »*

Pour les cinétoses

Le Kiné vestibulaire « re-pondère » les entrées sensorielles afin de permettre que les différentes informations perçues par la vue, la proprioception et les vestibules n'entre pas en conflit entre elles ou permettre au sujet de mieux supporter les mouvements des véhicules aux fréquences qui lui sont insupportables.

Pour les troubles d'organisations sensorielles exemple de la dépendance visuelle

Dans ce cas également, le kiné « re-pondère » les entrées sensorielles. Il veille à ce que le patient « apprenne » à moins solliciter son entrée visuelle dans les situations où la vue est altérée (lorsqu'il est dans le noir, mais également lors qu'il est dans la foule, devant des écrans, au bord de l'eau etc...).

*Source : Brochures d'information sur la kinésithérapie vestibulaire réalisées par la SFKV - https://www.ordremk.fr/



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